Profil et enfance
Une enfance marquée par la pauvreté et des comportements inquiétants
Belle Gunness, née Brynhild Paulsdatter Størseth le 11 novembre 1859 à Selbu, en Norvège, grandit dans une famille paysanne pauvre. Dernière d’une fratrie nombreuse, elle fut confrontée très jeune à des conditions de vie précaires, marquées par le travail harassant et la nécessité de contribuer à la survie familiale. Cette pauvreté profonde forgea chez elle un désir obsessionnel de réussir financièrement et d’échapper à sa condition.
Les témoignages de ses proches décrivent une enfant robuste, dotée d’une force physique inhabituelle pour son âge. Bien que discrète, Belle se montrait parfois froide et calculatrice. Une légende locale raconte qu’un événement traumatisant durant son adolescence – un agression brutale – aurait renforcé son caractère solitaire et impitoyable. Cette épreuve aurait nourri un désir de revanche sur le monde et aurait joué un rôle dans l’émergence de ses futures tendances criminelles.
Adolescence et émigration : premiers signes de cupidité
Adolescente, Belle Gunness travailla comme servante dans des fermes locales pour aider sa famille. Elle était réputée pour son efficacité, mais également pour son ambition démesurée. Insatisfaite de sa vie en Norvège et animée par le rêve américain, Belle émigra aux États-Unis à l’âge de 21 ans, en 1881. Là-bas, elle adopta le prénom « Belle » et s’installa dans la région de Chicago.
Les premières années de son émigration furent marquées par des emplois modestes, mais Belle montra rapidement une détermination farouche à grimper l’échelle sociale. Son arrivée aux États-Unis coïncida avec ses premiers actes de tromperie et de manipulation : elle se rapprochait d’hommes fortunés dans l’espoir d’assurer son avenir financier, un comportement qui annonçait déjà sa propension à exploiter les autres pour arriver à ses fins.
Parcours criminel
Les premières infractions : l’émergence d’une prédatrice
Les années 1890 marquèrent le début des activités criminelles de Belle Gunness. Installée à Chicago, elle épousa Mads Sorenson, un homme qu’elle persuada de souscrire à plusieurs polices d’assurance vie. En 1900, Mads mourut subitement le jour où deux polices étaient simultanément actives. Belle, calmement, encaissa la somme d’argent, expliquant sa mort par une « crise cardiaque ». Ce décès, bien que suspect, ne suscita aucune enquête approfondie, et Belle put utiliser ces fonds pour acheter une ferme à La Porte, Indiana, où elle déménagea avec ses enfants.
L’escalade vers les meurtres : un stratagème diabolique
Installée dans sa ferme de La Porte, Belle Gunness développa un modus operandi méthodique et terrifiant :
- Leurres par petites annonces : Belle publiait des annonces matrimoniales dans des journaux destinés aux immigrants, vantant ses qualités de femme au foyer et sa prospérité. Elle promettait une vie confortable et cherchait des prétendants « honnêtes » disposés à investir dans leur avenir commun.
- L’isolement des victimes : Une fois les prétendants arrivés à sa ferme, Belle insistait pour qu’ils retirent leurs économies en banque, souvent des milliers de dollars, pour prouver leur engagement. Une fois en possession de cet argent, les hommes disparaissaient mystérieusement.
- Le meurtre : Belle utilisait des moyens brutaux pour éliminer ses victimes, souvent en les empoisonnant ou en les frappant à la tête avec une hache. Les corps étaient ensuite enterrés dans des fosses creusées autour de sa propriété ou brûlés dans un poêle.
La ferme de Belle Gunness devint rapidement une véritable maison de l’horreur, où plusieurs prétendants fortunés trouvèrent la mort sans laisser de trace. Ses propres enfants et deux maris successifs moururent également dans des circonstances suspectes, probablement pour servir ses ambitions financières.
Série de crimes
Les victimes connues : un bilan effroyable
Bien que le nombre exact de victimes de Belle Gunness reste inconnu, les estimations varient entre 14 et plus de 40 meurtres. Parmi les disparitions notoires figurent :
- Mads Sorenson (premier mari, 1900) : Mort subite après la souscription de plusieurs assurances vie.
- Peter Gunness (deuxième mari, 1902) : Décédé après avoir reçu une « casserole tombée accidentellement sur la tête », une explication peu crédible.
- Anders Lindboe et Ole Budsberg : Deux prétendants venus investir leurs économies dans une vie avec Belle. Leurs corps furent retrouvés enterrés sur sa propriété.
- Ses propres enfants : Certains de ses enfants moururent également dans des circonstances suspectes, probablement pour encaisser des assurances vie ou éliminer des témoins gênants.
La traque et l’incendie final
Une disparition mystérieuse
En avril 1908, un incendie ravagea la ferme de Belle Gunness. Dans les décombres, les enquêteurs retrouvèrent plusieurs corps, dont celui d’une femme décapitée, supposée être Belle elle-même. Toutefois, de nombreux détails soulevèrent des doutes quant à son décès :
- Le corps découvert ne correspondait pas à la stature imposante de Belle.
- Son complice présumé, Ray Lamphere, accusa Belle d’avoir orchestré sa propre mort pour fuir les autorités.
Pendant les fouilles autour de la ferme, les enquêteurs mirent à jour des fosses contenant les restes d’au moins 14 victimes, confirmant les soupçons de meurtres en série.
Condamnation et impact
Un mystère non résolu
Ray Lamphere, un ouvrier amoureux éconduit et complice supposé de Belle, fut arrêté et condamné pour incendie criminel, mais il clama jusqu’à sa mort que Belle avait survécu et s’était enfuie. L’absence de preuves formelles quant à sa mort entretient encore aujourd’hui une aura de mystère autour de Belle Gunness.
Impact social et médiatique
L’affaire Belle Gunness choqua l’Amérique du début du XXe siècle, exposant la noirceur insoupçonnée d’une femme perçue comme une simple fermière. Ses crimes, marqués par la cupidité et la manipulation, bouleversèrent les idées reçues sur les tueurs en série, souvent associés aux hommes à l’époque.
Belle Gunness demeure aujourd’hui une figure emblématique des tueurs en série historiques, illustrant la capacité d’une personne à dissimuler une nature monstrueuse derrière une apparence de normalité. Son histoire, mêlant mystère, violence et ruse, continue de fasciner criminologues et historiens.
